mardi 15 octobre 2019

Sur les traces de Kali


Un joli petit livre, à la couverture d'un délicat rose poudré, ornée de la photo mystérieuse d'une femme sans visage et pieds nus, à la robe-jupon un brin suranné. Un joli petit livre aux bords arrondis comme pour inciter à la douceur, « sur les traces de Kali ».

Un joli petit livre, dédié à Kali. Mais ce n'est pas la « Kâli décapitée » de Marguerite Yourcenar, incomplète et imparfaite comme nous le sommes tous… encore que ce personnage fragmenté a peut-être bien quelque chose à voir avec la Kali de Bernard Fauren.

Un joli petit livre, dont on tourne les pages lentement, de fragment en fragment justement, l'auteur ayant choisi une construction originale qui invite autant à une lecture linéaire qu'à une lecture faite d'allers-retours. Sommes-nous en Inde, en France ? Dans les légendaires gorges de Galamus ? Dans la fascinante citadelle de Quéribus ? Place Saint-André vouée à une forme d'éternité puisqu'elle fut celle de la première rencontre, vraie ou fantasmée ? Qu'importe ! On circule d'un lieu à un autre, les lieux se superposent les uns aux autres, comme les différents temps d'une vie d'ailleurs, celle de Yohan et celle de Denis le psy. Et Kali alors ? Fuyante, évanescente et si présente, à qui il faudrait faire le cadeau de l'oubli… Elle aura, je crois, la silhouette et le visage que lui donnera chaque lecteur, invité en somme à se l'approprier.

Un joli petit livre qui, sans doute, contient en filigrane beaucoup du vécu de l'auteur, de ses déchirures, de ses rêves aussi, de ses multiples aspirations… le voile pudique de la poésie incite le lecteur à poursuivre son propre chemin sur les traces de Kali… ou pas !

[Nicole Yrle]