samedi 17 janvier 2009

Paysage secret


Plateau d'Herbeys (près de Grenoble) le 16 janvier 2009

Je retrouvai Pitoef dans le grand salon du rez-de-chaussée. Certains l’appelaient le Pitoyable et ce surnom lui convenait bien aujourd’hui. Tout le monde lui concédait l’usage d’un fauteuil particulier qui était dans un coin, le plus éloigné du poste de télévision qui déversait, pendant des heures, des flots d’images, parfois sans le son ou au contraire le son à tue-tête. Ce n’était pas un bon jour pour Pitoef, mais ce n’était pas un bon jour pour moi non plus. Je tirai donc une chaise vers son fauteuil et attendis. Il parlait d’une manière délirante à sa voisine qui n’en avait cure, mais qui ne manifestait aucune irritation. C’est une disposition que nous développions avec le temps, celle de pouvoir entendre un pensionnaire délirer, sans s’énerver, sans partir, sans réagir, en restant tout simplement là. C’est ce que faisaient les thérapeutes, disons… un quart d’heure, tandis que nous, nous pouvions subir ces situations des heures durant.


Camille de Bernard Fauren



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