mardi 16 mars 2010

Les Cigognes Noires


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Alors les jeunes gens avaient poussé des cris sauvages, ensorcelants, et Sylvy avait levé la tête vers le carré de ciel, l'avait levée vers les oiseaux absents ou vers ces oiseaux qui étaient des notes et ses lèvres troublées par leur propre beauté avaient effleuré les grappes acides et roses des raisins qui tombaient de la treille. Le second violoniste avait poussé un long cri lorsque la jeune femme avait arraché de ses lèvres ce qui était dur et acide. Il avait semblé à Laurent qu'au-dessus de la tête de Silvy quelque chose avait tourné dans le ciel gris du crépuscule, un grand orbe bleuté, un cercle dessiné peut-être par ces oiseaux volant à une altitude insoupçonnée, rondeur de migrateurs obnubilés par la musique et ce qui en elle était songe et ne pouvait appartenir à l'occident. Alors il avait vu le pantalon noir de Silvy se relever sur sa cheville tandis qu'elle prenait de ses lèvres le raisin encore amer, comme si ses lèvres avaient voulu le faire mûrir plus vite et il avait vu la prothèse de métal, cet anneau qui luisait autour de sa jambe.

Les Cigognes Noires de Jacques Macé

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