samedi 2 mai 2009

El Oued, 4 août 1899



Il est des heures à part, des instants très mystérieusement privilégiés où certaines contrées nous révèlent, en une intuition subite, leur âme, en quelque sorte leur essence propre, où nous en concevons une vision juste, unique et que des mois d'étude patiente ne sauraient plus ni compléter, ni même modifier. Cependant, en ces instants furtifs, les détails nous échappent nécessairement et nous ne saurions apercevoir que l'ensemble des choses... État particulier de notre âme, ou aspect spécial des lieux, saisi au passage et toujours inconsciemment ?
Je ne sais...
Ainsi, ma première arrivée à El Oued, il y a deux ans, fut pour moi une révélation complète, définitive de ce pays âpre et splendide qui est le Souf, de sa beauté particulière, de son immense tristesse aussi.


Isabelle Eberhardt - Lettres et Journaliers


Découvrez !

3 commentaires:

nic a dit…

Sobres et poétiques, texte et image se répondent harmonieusement : un joli cadeau à celui ou celle qui passe.

khalfi a dit…

Je trouve le texte très beau. Merci à becdanlo de nous rappeler qu'Isabelle Eberhardt a été une grande écrivaine franco-algérienne. Elle est morte très jeune mais a laissé de beaux livres. Moi qui ai vécu dans le Sud, je peux témoigner que ses écrits sont d'une grande sobriété mais aussi d'une grande richesse poétique.

becdanlo's blues a dit…

Merci à vous deux pour vos commentaires. Oui, Isabelle Eberhardt est un personnage de roman à elle seule :)

bec'