mercredi 22 avril 2009

Les Comminges autrefois



Ce soir là, on avait décidé de s'amuser. Toutes les femmes étaient assises devant le feu, les hommes regroupés entre eux les regardaient tandis qu'elles jouaient à l'escalirò. La première, d'un certain âge, saisit un tison dans le feu et, le tenant droit devant elle, dit très vite "Escalirò je te vendrai. Combien en aurai-je ? Cent mille. Si tu meurs entre mes mains, je serai chargée". Puis, promptement elle donna le bâton rougi à sa voisine qui s'empressa de l'imiter. La braise passa ainsi de main en main de plus en plus rapidement et les mêmes mots étaient prononcés à toute vitesse car il fallait en finir avant qu'elle ne s'éteignît. Marie-Louise faillit se faire prendre mais prestement elle se débarrassa du brandon juste à temps et c'est sa jeune voisine qui, toute penaude, se retrouva avec le bout de bois éteint. Les joueuses riaient de bon coeur car elle devenait "l'âne" qu'on allait "charger". Et le rire de Marie-Louise, sonore et brutal, dominait tous les autres. Surprenant chez une fille plutôt timide et d'apparence fragile, il charma Baptiste que l'étrange attirait irrésistiblement.

"La pierre de Rose" de Nicole Yrle


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