vendredi 25 septembre 2009

Le visiteur du soir


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Le train ralentit. L’homme avait déjà jeté mes bagages. Je sautais lestement, le plus loin possible des roues.
Avant même que j’aie eu le temps de reprendre mes esprits, le dernier wagon du train m’avait dépassé et, quelques secondes plus tard, je ne vis plus de lui que son feu rouge qui s’éloignait dans l’obscurité.
Je regardais autour de moi et ne vis ni immeuble, ni maison, ni baraque – rien, absolument rien, sauf une pancarte clouée sur un poteau. Je m’en approchai et, à la lueur d’une allumette, je vis qu’elle ne portait que quelques taches de peinture qui, un siècle plus tôt, avaient peut-être été le nom de l’endroit.
Aucune lumière en vue, en dehors de celle des étoiles. Je rassemblais mes bagages et m’assis sur une des valises. A moins de quinze mètres de chaque côté de la voie, c’était la jungle – un mur épais, sinistre, d’un gris vert qui, à cette heure, paraissait noir et semblait s'avancer lentement vers moi comme pour me prendre dans ses griffes et m’avaler, corps et âme.
Corps et âmes… Qui m’avait dit cela, et où, de longues années plus tôt ? Je passai deux ou trois heures à essayer de me le rappeler.
L’air bruissait de pépiements, de murmures, de crissements, de gémissements auxquels se mêlaient de temps à autre des cris de peur et d’horreur.
La jungle chantait sa chanson éternelle, sa litanie d’histoires dont chacune commençait où finissait la précédente… "


Le visiteur du soir de B. Traven


2 commentaires:

P'tite plum a dit…

Salut ! Un p'tit lien pour rire ! http://www.leoscheer.com/man/spip.php?page=man&id_article=638

Lilia a dit…

je n'aimerai pont patir ds pareil endroit
je viens de lre et cela a remis en ligne les péripéties de ma première nuit en Mauritanie alors je t'écris
mais bon le jour continue à se lever...