vendredi 18 décembre 2009

Le rivage des Syrtes


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Le "Redoutable" s'allongeait contre le doigt de la jetée, collé à elle comme le chaton d'une bague - tout reposait dans une immobilité pétrifiée -, déjà le paysage avait bu l'homme comme un sable altéré ; seule, la fumée alourdie du petit navire, dressée à sa cheminée comme une hampe plumeuse, mettait dans ce désert une note d'alerte imperceptible et l'odeur d'une mauvaise cuisine. Le paysage plongea derrière la ride de sable ; la fumée légère monta un instant sur l'horizon, toute seule dans l'air calme. Je mis mon cheval au trot sur le sol ferme. Dans cet air transparent, je me sentais flamber comme un bois sec ; tout mon corps en marche, intensément, dangereusement vivant.



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