mardi 25 décembre 2012

Le Kharabagh m’a changée

Crédit photo : Philippe Fenouillet

Nous sommes partis le matin de bonne heure car nous voulions faire une halte à Noravank et la route est longue pour arriver à Stepanakert : 330 km.
À peine sortis de la capitale, la réalité nous a rattrapés de plein fouet.
Cette réalité s’appelle Pauvreté et Misère.
Nous avons croisé de petits villages de paysans, les hommes étaient habillés comme sur les vieilles photos du début du XXe siècle et accompagnaient leurs vaches aux champs, les femmes étaient vêtues de grandes jupes longues noires avec des fichus sur la tête, les enfants couraient au bord de la route surpris de voir un convoi de quatre grosses voitures noires, des chiens courraient derrière eux.
C’est à ce moment là que j’ai compris que j’étais en Arménie, la vraie, la mienne, du moins celle de ma grand-mère.
Toutes les images que j’avais dans la tête, après les récits qu’elle me contait le soir quand j’étais seule avec elle, se trouvaient devant moi. Le paysage très aride, une végétation très maigre, des petits arbustes brulés par le soleil, des champs jaunis par le soleil à perte de vue entourés de montagnes ocre, rocailleuses mais le summum pour moi a été de retrouver la tenue vestimentaire de mon arrière-grand-mère toujours de noir vêtue.
Un grand sentiment de tristesse, de mélancolie, de vide, m’a envahie. Nous ne nous parlions plus dans la voiture, nous venions de faire, en fait, un bond dans le passé, et pourtant ce passé que nous avions vécu enfants qui s’était éteint avec nos grands-parents, avait ressuscité et se dressait là devant nos yeux.
C’est cette Arménie là que j’ai le plus aimée.

1 commentaire:

becdanlo's blues a dit…
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